
Une étude d’images satellite sur 38 ans, de 1984 à 2021, a mis en lumière
les immenses conséquences du changement climatique sur les Alpes. Non
seulement le manteau neigeux de ces montagnes a visiblement fondu au fil
des ans, mais la chaîne de montagnes a également connu un « verdissement » rapide. Il s’agit de la croissance d’une quantité
importante de végétation en raison de facteurs directement liés au
réchauffement de la planète, un phénomène principalement exacerbé par les
activités humaines.
L’article scientifique qui relate cette étude, publié jeudi dans la revue
Science, reprend l’expression « Du blanc au vert » dans son titre. Avec
le réchauffement de la planète et l’augmentation des précipitations, deux
conséquences de la crise climatique, les plantes commencent à coloniser des
zones où elles ne sont pas vraiment censées se trouver. Cette intrusion
entraîne une végétation plus dense à des altitudes plus élevées, à l’image
de la situation dans les Alpes.
La biodiversité des Alpes est menacée
«
Les plantes alpines sont adaptées à des conditions difficiles, mais
elles ne sont pas très compétitives
», explique Sabine Rumpf de l’université de Bâle, auteure principal de
l’étude. Lorsque les conditions environnementales changent, ces espèces
spécialisées perdent leur avantage et sont dépassées par la concurrence,
poursuit-elle. «
La biodiversité unique des Alpes est donc soumise à une pression
considérable
».
On serait tenter de penser que la progression de la végétation est une
bonne chose pour la planète. Ce n’est pas forcément vrai, surtout pour les
Alpes. «
Les montagnes plus vertes reflètent moins la lumière du soleil. Elles
entraînent donc un réchauffement et une diminution supplémentaires de
la couverture neigeuse réfléchissante
» , souligne Sabine Rumpf. En d’autres termes, la végétation qui se
développe dans les Alpes pourrait considérablement augmenter la fonte des
neiges.
Une disparition du manteau neigeux
Près de 10 % de la zone étudiée a connu une perte significative du manteau
neigeux, ce qui témoigne d’une tendance inquiétante. «
Depuis des années, les mesures locales au sol montrent une diminution
de l’épaisseur de la neige à basse altitude
», rapporte Grégoire Mariéthoz, de l’Université de Lausanne et co-auteur de
l’étude. «
Cette diminution a déjà provoqué l’absence de neige dans certaines
régions
», ajoute-t-il.
Ajoutons à cela le fait que l’étude a révélé que la biomasse végétale, le
poids de matière végétale vivante contenue dans une unité de surface au
sol, au-dessus de la limite des arbres alpins a augmenté dans plus de 77 %
des zones observées. Le réchauffement climatique entraîne le verdissement,
qui entraîne la fonte des neiges, qui entraîne des conditions plus chaudes,
qui entraînent… le verdissement. En quelque sorte un cycle sans fin. Mais
l’un des rouages de cette mécanique est entre les mains de l’humanité…
Article de CNET.com adapté par CNETFrance
Image : Sabine Rumpf
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